- Elle est bien belle, votre planète. 🔊✎ Est-ce qu’il y a des océans ? 🔊✎
- Je ne puis pas le savoir, dit le géographe. 🔊✎
- Ah ! (Le petit prince était déçu.) Et des montagnes ? 🔊✎
- Je ne puis pas le savoir, dit le géographe. 🔊✎
- Et des villes et des fleuves et des déserts ? 🔊✎
- Je ne puis pas le savoir non plus, dit le géographe. 🔊✎
- Mais vous êtes géographe ! 🔊✎
- C’est exact, dit le géographe, mais je ne suis pas explorateur. 🔊✎ Je manque absolument d’explorateurs. 🔊✎ Ce n’est pas le géographe qui va faire le compte des villes, des fleuves, des montagnes, des mers, des océans et des déserts. 🔊✎ Le géographe est trop important pour flâner. 🔊✎ Il ne quitte pas son bureau. 🔊✎ Mais il y reçoit les explorateurs. 🔊✎ Il les interroge, et il prend en note leurs souvenirs. 🔊✎ Et si les souvenirs de l’un d’entre eux lui paraissent intéressants, le géographe fait faire une enquête sur la moralité de l’explorateur. 🔊✎
- Parce qu’un explorateur qui mentirait entraînerait des catastrophes dans les livres de géographie. 🔊✎ Et aussi un explorateur qui boirait trop. 🔊✎
- Pourquoi ça ? fit le petit prince. 🔊✎
- Parce que les ivrognes voient double. 🔊✎ Alors le géographe noterait deux montagnes, là où il n’y en a qu’une seule. 🔊✎
- Je connais quelqu’un, dit le petit prince, qui serait mauvais explorateur. 🔊✎
- C’est possible. Donc, quand la moralité de l’explorateur paraît bonne, on fait une enquête sur sa découverte. 🔊✎
- Non. C’est trop compliqué. Mais on exige de l’explorateur qu’il fournisse des preuves. 🔊✎ S’il s’agit par exemple de la découverte d’une grosse montagne, on exige qu’il en rapporte de grosses pierres. 🔊✎