Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. 🔊 Et quand l’heure du départ fut proche :

- Ah ! dit le renardJe pleurerai. 🔊

- C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise🔊

- Bien sûr, dit le renard. 🔊

- Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince. 🔊

- Bien sûr, dit le renard. 🔊

- Alors tu n’y gagnes rien ! 🔊

- J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. 🔊

Puis il ajouta :

- Va revoir les roses. 🔊 Tu comprendras que la tienne est unique au monde. 🔊 Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret. 🔊

Le petit prince s’en fut revoir les roses. 🔊

- Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore, leur dit-il. 🔊 Personne ne vous a apprivoisées et vous n’avez apprivoisé personne. 🔊 Vous êtes comme était mon renard. 🔊 Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. 🔊 Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. 🔊

Et les roses étaient bien gênées. 🔊

- Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. 🔊 On ne peut pas mourir pour vous. 🔊 Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. 🔊 Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. 🔊 Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. 🔊 Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. 🔊 Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). 🔊 Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. 🔊 Puisque c’est ma rose. 🔊