← J'en étais effrayé; car de même que dans le compte rendu d'un procès, quand je lisais qu'un homme d'un noble coeur allait venir au mépris de ses intérêts, témoigner en faveur d'un innocent, je craignais toujours qu'on ne fût pas assez gentil pour lui, qu'on ne lui marquât pas assez de reconnaissance, qu'on ne le récompensât pas richement, et, qu'écoeuré, il se mît du côté de l'injustice; de même, assimilant en cela le génie à la vertu, j'avais peur que la Berma dépitée par les mauvaises façons d'un public aussi mal élevé—dans lequel j'aurais voulu au contraire qu'elle pût reconnaître avec satisfaction quelques célébrités au jugement de qui elle eût attaché de l'importance—ne lui exprimât son mécontentement et son dédain en jouant mal. 🔊✎
← Néanmoins, j'avoue qu'il y a un degré d'ignominie dont je ne saurais m'accommoder, et qui est rendu plus écoeurant encore par le ton plus que moral, tranchons le mot, moralisateur, que prend Bergotte dans ses livres où on ne voit qu'analyses perpétuelles et d'ailleurs entre nous, un peu languissantes, de scrupules douloureux, de remords maladifs, et pour de simples peccadilles, de véritables prêchis-prêchas (on sait ce qu'en vaut l'aune), alors qu'il montre tant d'inconscience et de cynisme dans sa vie privée. 🔊✎