Or, un dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Élysées pour se délasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C'était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante. 🔊✎
Mme Loisel se sentit émue. Allait-elle lui parler? Oui, certes. 🔊✎ Et maintenant qu'elle avait payé, elle lui dirait tout. 🔊✎ Pourquoi pas? 🔊✎
L'autre ne la reconnaissait point, s'étonnant d'être appelée ainsi familièrement par cette bourgeoise. Elle balbutia: 🔊✎
—Mais... madame!.. Je ne sais.... Vous devez vous tromper. 🔊✎
—Non. 🔊✎ Je suis Mathilde Loisel. 🔊✎
—Oh!... 🔊✎ ma pauvre Mathilde, comme tu es changée!... 🔊✎
—Oui, j'ai eu des jours bien durs, depuis que je ne t'ai vue; et bien des misères... et cela à cause de toi!... 🔊✎
—Tu te rappelles bien cette rivière de diamants que tu m'as prêtée pour aller à la fête du Ministère. 🔊✎
—Comment! puisque tu me l'as rapportée. 🔊✎
—Je t'en ai rapporté une autre toute pareille. 🔊✎ Et voilà dix ans que nous la payons. 🔊✎ Tu comprends que ça n'était pas aisé pour nous, qui n'avions rien.... Enfin c'est fini, et je suis rudement contente.
🔊✎
—Tu dis que tu as acheté une rivière de diamants pour remplacer la mienne? 🔊✎
—Oui.. 🔊✎ Tu ne t'en étais pas aperçue, hein? Elles étaient bien pareilles. 🔊✎
Et elle souriait d'une joie orgueilleuse et naïve. 🔊✎
Mme Forestier, fort émue, lui prit les deux mains. 🔊✎
—Oh! ma pauvre Mathilde! Mais la mienne était fausse. 🔊✎ Elle valait au plus cinq cents francs!...
🔊✎