← Elle et son mari furent, d'ailleurs, ainsi que le prince d'Agrigente, invités à ce dîner, que Mme Bontemps et Cottard eurent deux manières de raconter, selon les personnes à qui ils s'adressaient. Aux uns, Mme Bontemps de son côté, Cottard du sien, disaient négligemment quand on leur demandait qui il y avait d'autre au dîner: «Il n'y avait que le prince d'Agrigente, c'était tout à fait intime.» Mais d'autres, risquaient d'être mieux informés (même une fois quelqu'un avait dit à Cottard: «Mais est-ce qu'il n'y avait pas aussi les Bontemps?» «Je les oubliais», avait en rougissant répondu Cottard au maladroit qu'il classa désormais dans la catégorie des mauvaises langues). 🔊✎
← Cottard disait: «Hé bien, il y avait seulement les maîtres de maison, le duc et la duchesse de Vendôme—(en souriant avantageusement) le professeur et Mme Cottard, et ma foi du diable, si on a jamais su pourquoi, car ils allaient là comme des cheveux sur la soupe, M. et Mme Bontemps.» Mme Bontemps récitait exactement le même morceau, seulement c'était M. et Mme Bontemps qui étaient nommés avec une emphase satisfaite, entre la duchesse de Vendôme et le prince d'Agrigente, et les pelés qu'à la fin elle accusait de s'être invités eux-mêmes et qui faisaient tache, c'était les Cottard. 🔊✎
← «Odette, le Prince d'Agrigente qui est avec moi dans mon cabinet demande s'il pourrait venir vous présenter ses hommages. Que dois-je aller lui répondre?—Mais que je serai enchantée», disait Odette avec satisfaction sans se départir d'un calme qui lui était d'autant plus facile qu'elle avait toujours, même comme cocotte, reçu des hommes élégants. 🔊✎
← Ainsi si la Patronne était dans le salon, le Prince d'Agrigente entrait seul. 🔊✎
← Cependant le Prince d'Agrigente ayant entendu les mots: «Je ne suis pas intelligente», trouvait de son devoir de protester, mais il n'avait pas d'esprit de répartie. «Taratata, s'écriait Mme Bontemps, vous pas intelligente!—En effet je me disais: «Qu'est-ce que j'entends?» disait le Prince en saisissant cette perche. Il faut que mes oreilles m'aient trompé.—Mais non, je vous assure, disait Odette, je suis au fond une petite bourgeoise très choquable, pleine de préjugés, vivant dans son trou, surtout très ignorante.» Et pour demander des nouvelles du baron de Charlus: «Avez-vous vu cher baronet?» lui disait-elle.—Vous, ignorante, s'écriait Mme Bontemps! Hé bien alors qu'est-ce que vous diriez du monde officiel, toutes ces femmes d'Excellences, qui ne savent parler que de chiffons!... 🔊✎