← Votre pauvre grand-père a bien connu, au moins de réputation et de vue, le vieux père Chenut qui ne donnait qu'un sou de pourboire aux cochers bien qu'il fût riche pour l'époque, et le baron Bréau-Chenut. 🔊✎
← Cependant le Prince d'Agrigente ayant entendu les mots: «Je ne suis pas intelligente», trouvait de son devoir de protester, mais il n'avait pas d'esprit de répartie. «Taratata, s'écriait Mme Bontemps, vous pas intelligente!—En effet je me disais: «Qu'est-ce que j'entends?» disait le Prince en saisissant cette perche. Il faut que mes oreilles m'aient trompé.—Mais non, je vous assure, disait Odette, je suis au fond une petite bourgeoise très choquable, pleine de préjugés, vivant dans son trou, surtout très ignorante.» Et pour demander des nouvelles du baron de Charlus: «Avez-vous vu cher baronet?» lui disait-elle.—Vous, ignorante, s'écriait Mme Bontemps! Hé bien alors qu'est-ce que vous diriez du monde officiel, toutes ces femmes d'Excellences, qui ne savent parler que de chiffons!... 🔊✎
← —Comment allez-vous, je vous présente mon neveu, le baron de Guermantes, me dit Mme de Villeparisis, pendant que l'inconnu, sans me regarder, grommelant un vague: «Charmé», qu'il fit suivre de: «Heue, heue, heue», pour donner à son amabilité quelque chose de forcé, et repliant le petit doigt, l'index et le pouce, me tendait le troisième doigt et l'annulaire, dépourvus de toute bague, que je serrai sous son gant de Suède; puis sans avoir levé les yeux sur moi il se détourna vers Mme de Villeparisis. 🔊✎
← —Mon Dieu, est-ce que je perds la tête, dit celle-ci, voilà que je t'appelle le baron de Guermantes. Je vous présente le baron de Charlus. 🔊✎
← —Il porte le titre de baron de Charlus. Régulièrement, quand mon grand-oncle est mort, mon oncle Palamède aurait dû prendre le titre de prince des Laumes, qui était celui de son frère avant qu'il devînt duc de Guermantes, car dans cette famille-là ils changent de nom comme de chemise. 🔊✎
← Et comme il trouve qu'on abuse un peu des duchés italiens, grandesses espagnoles, etc., et bien qu'il eût le choix entre quatre ou cinq titres de prince il a gardé celui de baron de Charlus, par protestation et avec une apparente simplicité où il y a beaucoup d'orgueil. 🔊✎
← Aujourd'hui, dit-il, tout le monde est prince, il faut pourtant bien avoir quelque chose qui vous distingue; je prendrai un titre de prince quand je voudrai voyager incognito. Il n'y a pas selon lui de titre plus ancien que celui de baron de Charlus; pour vous prouver qu'il est antérieur à celui des Montmorency, qui se disaient faussement les premiers barons de France, alors qu'ils l'étaient seulement de l'Ile-de-France, où était leur fief, mon oncle vous donnera des explications pendant des heures et avec plaisir parce que quoi qu'il soit très fin, très doué, il trouve cela un sujet de conversation tout à fait vivant, dit Saint-Loup avec un sourire. 🔊✎
← Par exemple: «Un critique militaire très fort, qui avait savamment déduit avec preuves à l'appui pour quelles raisons infaillibles dans la guerre russo-japonaise, les Japonais seraient battus et les Russes vainqueurs», ou bien: «C'est un homme éminent qui passe pour un grand financier dans les milieux politiques et pour un grand politique dans les milieux financiers.» Ces histoires étaient interchangeables avec une du baron de Rothschild et une de sir Rufus Israël, personnages mis en scène d'une manière équivoque qui pouvait donner à entendre que M. Bloch les avait personnellement connus. 🔊✎
← Toujours est-il que les Simonet s'étaient, paraît-il, toujours irrités comme d'une calomnie quand on doublait leur n. Ils avaient l'air d'être les seuls Simonet avec un n au lieu de deux, autant de fierté peut-être que les Montmorency d'être les premiers barons de France. 🔊✎