← Au moment où j'allai chez Mme Swann, l'affaire Dreyfus n'avait pas encore éclaté, et certains grands juifs étaient fort puissants. Aucun ne l'était plus que sir Rufus Israels dont la femme lady Israels était la tante de Swann. 🔊✎
← Par exemple: «Un critique militaire très fort, qui avait savamment déduit avec preuves à l'appui pour quelles raisons infaillibles dans la guerre russo-japonaise, les Japonais seraient battus et les Russes vainqueurs», ou bien: «C'est un homme éminent qui passe pour un grand financier dans les milieux politiques et pour un grand politique dans les milieux financiers.» Ces histoires étaient interchangeables avec une du baron de Rothschild et une de sir Rufus Israël, personnages mis en scène d'une manière équivoque qui pouvait donner à entendre que M. Bloch les avait personnellement connus. 🔊✎
← On y juge sévèrement la galerie.—Est-ce que sir Rufus Israël n'en est pas président», demanda Bloch fils à son père, pour lui fournir l'occasion d'un mensonge honorable et sans se douter que ce financier n'avait pas le même prestige aux yeux de Saint-Loup qu'aux siens. 🔊✎
← En réalité, il y avait au Cercle des Ganaches non point sir Rufus Israël, mais un de ses employés. 🔊✎
← Mais comme il était fort bien avec son patron, il avait à sa disposition des cartes du grand financier, et en donnait une à M. Bloch, quand celui-ci partait en voyage sur une ligne dont sir Rufus était administrateur, ce qui faisait dire au père Bloch: «Je vais passer au cercle demander une recommandation de sir Rufus.» Et la carte lui permettait d'éblouir les chefs de train. 🔊✎
← D'habitude après avoir sorti de derrière les fagots pour un camarade de marque les histoires sur sir Rufus Israël et autres, M. Bloch sentant qu'il avait touché son fils jusqu'à l'attendrissement, se retirait pour ne pas se «galvauder» aux yeux du «potache». 🔊✎