← Avant de quitter la maison, il dit à ma mère: «Tâche d'avoir un bon dîner; tu te rappelles que je dois ramener de Norpois?» Ma mère ne l'avait pas oublié. 🔊✎
← —Mais oui, j'écoutais de mon mieux pour savoir ce qu'elle avait de si remarquable. Sans doute, elle est très bien.... —Si elle est très bien, qu'est-ce qu'il te faut de plus? 🔊✎
← Ce changement n'était peut-être pas aussi extraordinaire que le trouvait M. de Norpois. Odette n'avait pas cru que Swann finirait par l'épouser; chaque fois qu'elle lui annonçait tendancieusement qu'un homme comme il faut venait de se marier avec sa maîtresse, elle lui avait vu garder un silence glacial et tout au plus, si elle l'interpellait directement en lui demandant: «Alors, tu ne trouves pas que c'est très bien, que c'est bien beau ce qu'il a fait là, pour une femme qui lui a consacré sa jeunesse?», répondre sèchement: «Mais je ne te dis pas que ce soit mal, chacun agit à sa guise.» Elle n'était même pas loin de croire que, comme il le lui disait dans des moments de colère, il l'abandonnerait tout à fait, car elle avait depuis peu entendu dire par une femme sculpteur: «On peut s'attendre à tout de la part des hommes, ils sont si mufles», et frappée par la profondeur de cette maxime pessimiste, elle se l'était appropriée, elle la répétait à tout bout de champ d'un air découragé qui semblait dire: «Après tout, il n'y aurait rien d'impossible, c'est bien ma chance.» Et, par suite, toute vertu avait été enlevée à la maxime optimiste qui avait jusque-là guidé Odette dans la vie: «On peut tout faire aux hommes qui vous aiment, ils sont idiots», et qui s'exprimait dans son visage par le même clignement d'yeux qui eût pu accompagner des mots tels que: «Ayez pas peur, il ne cassera rien.» En attendant, Odette souffrait de ce que telle de ses amies, épousée par un homme qui était resté moins longtemps avec elle, qu'elle-même avec Swann, et n'avait pas, elle, d'enfant, relativement considérée maintenant, invitée aux bals de l'Élysée, devait penser de la conduite de Swann. 🔊✎
← Enfin Swann sortit en lui disant: —Tu sais ce que je t'ai dit. Maintenant, fais ce que tu voudras. 🔊✎
← —Je ne te dis pas, mais nous ne sommes pas obligés de faire exactement de même en tout. Moi je ferai d'autres amabilités à Gilberte que Madame Swann n'aura pas pour toi. 🔊✎
← —Ma fille, dit ma grand'mère, je te vois comme Mme de Sévigné, une carte devant les yeux et ne nous quittant pas un instant. 🔊✎
← Quand Bloch me parla de la crise de snobisme que je devais traverser et me demanda de lui avouer que j'étais snob, j'aurais pu lui répondre: «Si je l'étais, je ne te fréquenterais pas.» Je lui dis seulement qu'il était peu aimable. 🔊✎
← Quelle est donc cette belle personne avec laquelle je t'ai rencontré au Jardin d'Acclimatation et qui était accompagnée d'un monsieur que je crois connaître de vue et d'une jeune fille à la longue chevelure?» J'avais bien vu que Mme Swann ne se rappelait pas le nom de Bloch, puisqu'elle m'en avait dit un autre et avait qualifié mon camarade d'attaché à un ministère où je n'avais jamais pensé depuis à m'informer s'il était entré. 🔊✎
← J'aime mieux te le dire, il n'y en avait pas un des hommes présents qui ne m'eût fait de l'oeil, du pied, et c'est parce que j'ai repoussé leurs avances qu'ils ont cherché à se venger. 🔊✎
← Albertine lui disait: «Je n'ai pas voulu te laisser seule, j'ai pensé que ça te ferait du bien de m'avoir près de toi. Si tu veux que nous laissions la matinée, que nous allions ailleurs, je ferai ce que tu voudras, je désire avant tout te voir moins triste» (ce qui était vrai aussi du reste). 🔊✎