← Ce changement n'était peut-être pas aussi extraordinaire que le trouvait M. de Norpois. Odette n'avait pas cru que Swann finirait par l'épouser; chaque fois qu'elle lui annonçait tendancieusement qu'un homme comme il faut venait de se marier avec sa maîtresse, elle lui avait vu garder un silence glacial et tout au plus, si elle l'interpellait directement en lui demandant: «Alors, tu ne trouves pas que c'est très bien, que c'est bien beau ce qu'il a fait là, pour une femme qui lui a consacré sa jeunesse?», répondre sèchement: «Mais je ne te dis pas que ce soit mal, chacun agit à sa guise.» Elle n'était même pas loin de croire que, comme il le lui disait dans des moments de colère, il l'abandonnerait tout à fait, car elle avait depuis peu entendu dire par une femme sculpteur: «On peut s'attendre à tout de la part des hommes, ils sont si mufles», et frappée par la profondeur de cette maxime pessimiste, elle se l'était appropriée, elle la répétait à tout bout de champ d'un air découragé qui semblait dire: «Après tout, il n'y aurait rien d'impossible, c'est bien ma chance.» Et, par suite, toute vertu avait été enlevée à la maxime optimiste qui avait jusque-là guidé Odette dans la vie: «On peut tout faire aux hommes qui vous aiment, ils sont idiots», et qui s'exprimait dans son visage par le même clignement d'yeux qui eût pu accompagner des mots tels que: «Ayez pas peur, il ne cassera rien.» En attendant, Odette souffrait de ce que telle de ses amies, épousée par un homme qui était resté moins longtemps avec elle, qu'elle-même avec Swann, et n'avait pas, elle, d'enfant, relativement considérée maintenant, invitée aux bals de l'Élysée, devait penser de la conduite de Swann. 🔊✎
← Je comprends mieux maintenant, en me reportant à votre admiration tout à fait exagérée pour Bergotte, les quelques lignes que vous m'avez montrées tout à l'heure et sur lesquelles j'aurais mauvaise grâce à ne pas passer l'éponge, puisque vous avez dit vous-même en toute simplicité, que ce n'était qu'un griffonnage d'enfant (je l'avais dit, en effet, mais je n'en pensais pas un mot). A tout péché miséricorde et surtout aux péchés de jeunesse. 🔊✎
← Saint-Loup me parla de la jeunesse, depuis longtemps passée, de son oncle. Il amenait tous les jours des femmes dans une garçonnière qu'il avait en commun avec deux de ses amis, beaux comme lui, ce qui faisait qu'on les appelait «les trois Grâces». 🔊✎
← Il paraît qu'on ne peut se figurer comme il donnait le ton, comme il faisait la loi à toute la société dans sa jeunesse. Pour lui en toute circonstance il faisait ce qui lui paraissait le plus agréable, le plus commode, mais aussitôt c'était imité par les snobs. 🔊✎
← Vous n'avez peut-être pas de mérite personnel, si peu d'êtres en ont! Mais pour un temps du moins vous avez la jeunesse et c'est toujours une séduction. 🔊✎
← J'étais dans une de ces périodes de la jeunesse, dépourvues d'un amour particulier, vacantes, où partout—comme un amoureux, la femme dont il est épris—on désire, on cherche, on voit la beauté. 🔊✎
← «Oh! ce n'est rien, c'est une pochade de jeunesse, c'était un costume pour une Revue des Variétés. Tout cela est bien loin.—Et qu'est devenu le modèle?» Un étonnement provoqué par mes paroles précéda sur la figure d'Elstir l'air indifférent et distrait qu'au bout d'une seconde il y étendit. 🔊✎
← Elstir à cette époque n'était plus dans la première jeunesse où l'on n'attend que de la puissance de la pensée, la réalisation de son idéal. 🔊✎
← «Il n'y a pas d'homme si sage qu'il soit, me dit-il qui n'ait à telle époque de sa jeunesse prononcé des paroles, ou même mené une vie, dont le souvenir lui soit désagréable et qu'il souhaiterait être aboli. 🔊✎
← Elle était une de ces jolies filles qui, dès leur extrême jeunesse, pour leur beauté, mais surtout pour un agrément, un charme qui restent assez mystérieux, et qui ont leur source peut-être dans des réserves de vitalité où de moins favorisés par la nature viennent se désaltérer, toujours, dans leur famille, au milieu de leurs amies, dans le monde, ont plu davantage que de plus belles, de plus riches, elle était de ces êtres à qui, avant l'âge de l'amour et bien plus encore quand il est venu, on demande plus qu'eux ne demandent, et même qu'ils ne peuvent donner. 🔊✎