← A la fin nous aussi, nous fîmes une relation, malgré mais par ma grand'mère, car elle et Mme de Villeparisis tombèrent un matin l'une sur l'autre dans une porte et furent obligées de s'aborder non sans échanger au préalable des gestes de surprise, d'hésitation, exécuter des mouvements de recul, de doute et enfin des protestations de politesse et de joie comme dans certaines scènes de Molière où deux acteurs monologuant depuis longtemps chacun de son côté à quelques pas l'un de l'autre, sont censés ne pas s'être vus encore, et tout à coup s'aperçoivent, n'en peuvent croire leurs yeux, entrecoupent leurs propos, finalement parlent ensemble, le choeur ayant suivi le dialogue, et se jettent dans les bras l'un de l'autre. 🔊✎
← Dans ces réflexions sur la tristesse qu'il y a à vivre loin de ce qu'on aime (qui devaient amener ma grand'mère à me dire que le neveu de Mme de Villeparisis comprenait autrement bien certaines oeuvres que sa tante, et surtout avait quelque chose qui le mettait bien au-dessus de la plupart des gens du club), M. de Charlus ne laissait pas seulement paraître une finesse de sentiment que montrent en effet rarement les hommes; sa voix elle-même, pareille à certaines voix de contralto en qui on n'a pas assez cultivé le médium et dont le chant semble le duo alterné d'un jeune homme et d'une femme, se posait au moment où il exprimait ces pensées si délicates, sur des notes hautes, prenait une douceur imprévue et semblait contenir des choeurs de fiancées, de soeurs, qui répandaient leur tendresse. 🔊✎
← Vous n'avez pas mis de vers que dans la bouche des protagonistes, ou personnages principaux du drame, mais vous en avez écrit, et de charmants, permettez-moi de vous le dire sans cajolerie, pour les choeurs qui ne faisaient pas trop mal à ce qu'on dit dans la tragédie grecque, mais qui sont en France une véritable nouveauté. 🔊✎
← Je vous citerai comme exemple: «De cette passion la sensible peinture est pour aller au coeur la route la plus sûre.» Vous avez montré que le sentiment religieux dont débordent vos choeurs n'est pas moins capable d'attendrir. 🔊✎
← Écrivant à un homme du XVIIe siècle Sophocle ne devait pas écrire «mon cher ami.—Elle aurait dû, en effet, lui faire dire mon cher Racine, s'écria fougueusement Albertine. Ç'aurait été bien mieux.—Non, répondit Andrée sur un ton un peu persifleur, elle aurait dû mettre: «Monsieur». De même pour finir elle aurait dû trouver quelque chose comme: «Souffrez, Monsieur (tout au plus, cher Monsieur) que je vous dise ici les sentiments d'estime avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre serviteur.» D'autre part, Gisèle dit que les choeurs sont dans Athalie une nouveauté. 🔊✎
← «Enfin, dit Andrée du même ton détaché, désinvolte, un peu railleur et assez ardemment convaincu, si Gisèle avait posément noté d'abord les idées générales qu'elle avait à développer, elle aurait peut-être pensé à ce que j'aurais fait, moi, montrer la différence qu'il y a dans l'inspiration religieuse des choeurs de Sophocle et de ceux de Racine. 🔊✎
← J'aurais fait faire par Sophocle la remarque que si les choeurs de Racine sont empreints de sentiments religieux comme ceux de la tragédie grecque, pourtant il ne s'agit pas des mêmes dieux. 🔊✎