lift

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Je me décidai à rentrer l'attendre; le directeur vint lui-même pousser un bouton: et un personnage encore inconnu de moi, qu'on appelait «lift» (et qui à ce point le plus haut de l'hôtel serait le lanternon d'une église normande, était installé comme un photographe derrière son vitrage ou comme un organiste dans sa chambre), se mit à descendre vers moi avec l'agilité d'un écureuil domestique, industrieux et captif. 🔊

J'étais le même homme qui avait pris à la fin de l'après-midi le petit chemin de fer de Balbec, je portais en moi la même âme. Mais dans cette âme, à l'endroit , à six heures, il y avait avec l'impossibilité d'imaginer le directeur, le Palace, son personnel, une attente vague et craintive du moment j'arriverais, se trouvaient maintenant les boutons extirpés dans la figure du directeur cosmopolite (en réalité naturalisé Monégasque, bien qu'il fûtcomme il disait parce qu'il employait toujours des expressions qu'il croyait distinguées, sans s'apercevoir qu'elles étaient vicieuses—«d'originalité roumaine»)—son geste pour sonner le lift, le lift lui-même, toute une frise de personnages de guignol sortis de cette boîte de Pandore qu'était le Grand-Hôtel, indéniables, inamovibles, et comme tout ce qui est réalisé, stérilisants. 🔊

Et quand la voiture arrivait près de la porte, le concierge, les grooms, le lift, empressés, naïfs, vaguement inquiets de notre retard, massés sur les degrés à nous attendre, étaient devenus familiers, de ces êtres qui changent tant de fois au cours de notre vie, comme nous changeons nous-mêmes, mais dans lesquels au moment ils sont pour un temps le miroir de nos habitudes, nous trouvons de la douceur à nous sentir fidèlement et amicalement reflétés. 🔊

Car il pensait bien que Bloch attachait plus d'importance que lui à cette faute. Ce que Bloch prouva quelque temps après, un jour qu'il m'entendit prononcer «lift», en interrompant: —Ah! on dit lift? Et d'un ton sec et hautain: —Cela n'a d'ailleurs aucune espèce d'importance. 🔊

Sans la timidité ni la tristesse du soir de mon arrivée, je sonnai le lift qui ne restait plus silencieux pendant que je m'élevais à côté de lui dans l'ascenseur, comme dans une cage thoracique mobile qui se fût déplacée le long de la colonne montante, mais me répétait: 🔊

Rentrer et «nouvelle» n'étaient du reste pas des expressions contradictoires car, pour le lift, «rentrer» était la forme usuelle du verbe «entrer». 🔊

Et comme, par une contradiction absurde, le vocabulaire a, malgré tout, chez les «patrons», survécu à la conception de l'inégalité, je comprenais toujours mal ce que me disait le lift. 🔊

Or, prévenant mes questions, le lift me disait: «Cette dame vient de sortir de chez vousJ'y étais toujours pris, je croyais que c'était ma grand-mère. «Non, cette dame qui est je crois employée chez vousComme dans l'ancien langage bourgeois, qui devrait bien être aboli, une cuisinière ne s'appelle pas une employée, je pensais un instant: «Mais il se trompe nous ne possédons ni usine, ni employésTout d'un coup, je me rappelais que le nom d'employé est comme le port de la moustache pour les garçons de café, une satisfaction d'amour-propre donnée aux domestiques et que cette dame qui venait de sortir était Françoise (probablement en visite à la caféterie ou en train de regarder coudre la femme de chambre de la dame belge), satisfaction qui ne suffisait pas encore au lift car il disait volontiers en s'apitoyant sur sa propre classe «chez l'ouvrier» ou «chez le petit» se servant du même singulier que Racine quand il dit: «le pauvre...». 🔊

Je demandai au lift s'il ne connaissait pas à Balbec, des Simonet. 🔊

Je sonnai le lift pour monter à la chambre qu'Albertine avait prise, du côté de la vallée. 🔊

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