exiler

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Ce nom, devenu pour moi presque mythologique, de Swann, quand je causais avec mes parents, je languissais du besoin de le leur entendre dire, je n’osais pas le prononcer moi-même, mais je les entraînais sur des sujets qui avoisinaient Gilberte et sa famille, qui la concernaient, je ne me sentais pas exilé trop loin d’elle; et je contraignais tout d’un coup mon père, en feignant de croire par exemple que la charge de mon grand-père avait été déjà avant lui dans notre famille, ou que la haie d’épines roses que voulait voir ma tante Léonie se trouvait en terrain communal, à rectifier mon assertion, à me dire, comme malgré moi, comme de lui-même: «Mais non, cette charge-là était au père de Swann, cette haie fait partie du parc de SwannAlors j’étais obligé de reprendre ma respiration, tant, en se posant sur la place il était toujours écrit en moi, pesait à m’étouffer ce nom qui, au moment je l’entendais, me paraissait plus plein que tout autre, parce qu’il était lourd de toutes les fois , d’avance, je l’avais mentalement proféré. 🔊

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