* * *

Le jour de la fête approchait, et Mme Loisel semblait triste, inquiète, anxieuse. 🔊 Sa toilette était prête cependant. 🔊 Son mari, lui dit un soir: 🔊

Qu'as-tu? Voyons, tu es toute drôle depuis trois jours. 🔊

Et elle répondit: 🔊

Cela m'ennuie de n'avoir pas un bijou, pas une pierre, rien à mettre sur moi. J'aurai l'air misère comme tout. J'aimerais presque mieux ne pas aller à cette soirée. 🔊

Il reprit:

Tu mettras des fleurs naturelles. C'est très chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques. 🔊

Elle n'était point convaincue. 🔊

Non... il n'y a rien de plus humiliant que d'avoir l'air pauvre au milieu de femmes riches. 🔊

Mais son mari s'écria:

Que tu es bête! 🔊 Va trouver ton amie Mme Forestier et demande-lui de te prêter des bijoux. Tu es bien assez liée avec elle pour faire cela. 🔊

Elle poussa un cri de joie: 🔊

C'est vrai. Je n'y avais point pensé. 🔊

Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta sa détresse. 🔊

Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coffret, l'apporta, l'ouvrit, et dit à Mme Loisel:

Choisis, ma chère. 🔊

Elle vit d'abord des bracelets, puis un collier de perles, puis une croix vénitienne, or et pierreries, d'un admirable travail. 🔊 Elle essayait les parures devant la glace, hésitait, ne pouvait se décider à les quitter, à les rendre. Elle demandait toujours:

Tu n'as plus rien autre?

Mais si. Cherche. Je ne sais pas ce qui peut te plaire. 🔊

Tout à coup elle découvrit, dans une boîte de satin noir, une superbe rivière de diamants; et son cœur se mit à battre d'un désir immodéré. Ses mains tremblaient en la prenant. 🔊 Elle l'attacha autour de sa gorge, sur sa robe montante, et demeura en extase devant elle-même. 🔊

Puis, elle demanda, hésitante, pleine d'angoisse: 🔊

Peux-tu me prêter cela, rien que cela? 🔊

Mais, oui, certainement. 🔊

Elle sauta au cou de son amie, l'embrassa avec emportement, puis s'enfuit avec son trésor. 🔊