← Or, n’osant pas se dire, par peur de ne pas le croire, qu’il aimerait toujours Odette, du moins en cherchant à supposer qu’il fréquenterait toujours les Verdurin (proposition qui, a priori, soulevait moins d’objections de principe de la part de son intelligence), il se voyait dans l’avenir continuant à rencontrer chaque soir Odette; cela ne revenait peut-être pas tout à fait au même que l’aimer toujours, mais, pour le moment, pendant qu’il l’aimait, croire qu’il ne cesserait pas un jour de la voir, c’est tout ce qu’il demandait. « 🔊✎
← Obligée, pour se consoler de ne pas être tout à fait l’égale des autres Guermantes, de se dire sans cesse que c’était par intransigeance de principes et fierté qu’elle les voyait peu, cette pensée avait fini par modeler son corps et par lui enfanter une sorte de prestance qui passait aux yeux des bourgeoises pour un signe de race et troublait quelquefois d’un désir fugitif le regard fatigué des hommes de cercle. 🔊✎
← Quand on lui parlait d’un personnage illustre, elle répondait que, sans le connaître personnellement, elle l’avait rencontré mille fois chez sa tante de Guermantes, mais elle répondait cela d’un ton si glacial et d’une voix si sourde qu’il était clair que si elle ne le connaissait pas personnellement c’était en vertu de tous les principes indéracinables et entêtés auxquels ses épaules touchaient en arrière, comme à ces échelles sur lesquelles les professeurs de gymnastique vous font étendre pour vous développer le thorax. 🔊✎
← Dans les moments où Odette était auprès de lui, s’ils parlaient ensemble d’une action indélicate commise, ou d’un sentiment indélicat éprouvé, par un autre, elle les flétrissait en vertu des mêmes principes que Swann avait toujours entendu professer par ses parents et auxquels il était resté fidèle; et puis elle arrangeait ses fleurs, elle buvait une tasse de thé, elle s’inquiétait des travaux de Swann. 🔊✎