← De l’autre côté de Mme de Franquetot, mais un peu en avant, était la marquise de Gallardon, occupée à sa pensée favorite, l’alliance qu’elle avait avec les Guermantes et d’où elle tirait pour le monde et pour elle-même beaucoup de gloire avec quelque honte, les plus brillants d’entre eux la tenant un peu à l’écart, peut-être parce qu’elle était ennuyeuse, ou parce qu’elle était méchante, ou parce qu’elle était d’une branche inférieure, ou peut-être sans aucune raison. 🔊✎
← Quand on lui parlait d’un personnage illustre, elle répondait que, sans le connaître personnellement, elle l’avait rencontré mille fois chez sa tante de Guermantes, mais elle répondait cela d’un ton si glacial et d’une voix si sourde qu’il était clair que si elle ne le connaissait pas personnellement c’était en vertu de tous les principes indéracinables et entêtés auxquels ses épaules touchaient en arrière, comme à ces échelles sur lesquelles les professeurs de gymnastique vous font étendre pour vous développer le thorax. 🔊✎
← Mme de Saint-Euverte était d’autant plus ravie de voir Mme des Laumes qu’elle la croyait encore à Guermantes en train de soigner son beau-père malade. 🔊✎
← —Je ne vois aucun mal à ce que ce soit ancien, répondit sèchement la princesse, mais en tous cas ce n’est-ce pas euphonique, ajouta-t-elle en détachant le mot euphonique comme s’il était entre guillemets, petite affectation de dépit qui était particulière à la coterie Guermantes. 🔊✎
← —Elle se met trop en avant, je trouve que chez une si jeune femme, ce n’est pas agréable, car je ne crois pas qu’elle soit ma contemporaine, répondit Mme des Laumes (cette expression étant commune aux Gallardon et aux Guermantes). 🔊✎
← Mais ça ne peut pas être beau... puisque c’est horrible! Moi j’ai aussi des choses comme ça que Basin a héritées des Montesquiou. Seulement elles sont dans les greniers de Guermantes où personne ne les voit. 🔊✎
← Je sens que je le réserverais pour les grandes soirées. Et comme je n’en donne pas...» —Ah! princesse, vous n’êtes pas Guermantes pour des prunes. Le possédez-vous assez, l’esprit des Guermantes! 🔊✎
← Swann aimait beaucoup la princesse des Laumes, puis sa vue lui rappelait Guermantes, terre voisine de Combray, tout ce pays qu’il aimait tant et où il ne retournait plus pour ne pas s’éloigner d’Odette. 🔊✎
← —Comment la princesse est venue exprès de Guermantes? Mais c’est trop! Je ne savais pas, je suis confuse, s’écrie naïvement Mme de Saint-Euverte qui était peu habituée au tour d’esprit de Swann. Et examinant la coiffure de la princesse: Mais c’est vrai, cela imite... comment dirais-je, pas les châtaignes, non, oh! c’est une idée ravissante, mais comment la princesse pouvait-elle connaître mon programme. Les musiciens ne me l’ont même pas communiqué à moi. 🔊✎
← Cette ressemblance ne frappait pas parce que rien n’était plus différent que leurs deux voix. Mais si on parvenait par la pensée à ôter aux propos de Swann la sonorité qui les enveloppait, les moustaches d’entre lesquelles ils sortaient, on se rendait compte que c’étaient les mêmes phrases, les mêmes inflexions, le tour de la coterie Guermantes. 🔊✎