coterie

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Inutile de compter sur Swann ce soir, disait-on, vous savez bien que c’est le jour d’Opéra de son AméricaineIl la faisait inviter dans les salons particulièrement fermés il avait ses habitudes, ses dîners hebdomadaires, son poker; chaque soir, après qu’un léger crépelage ajouté à la brosse de ses cheveux roux avait tempéré de quelque douceur la vivacité de ses yeux verts, il choisissait une fleur pour sa boutonnière et partait pour retrouver sa maîtresse à dîner chez l’une ou l’autre des femmes de sa coterie; et alors, pensant à l’admiration et à l’amitié que les gens à la mode pour qui il faisait la pluie et le beau temps et qu’il allait retrouver , lui prodigueraient devant la femme qu’il aimait, il retrouvait du charme à cette vie mondaine sur laquelle il s’était blasé, mais dont la matière, pénétrée et colorée chaudement d’une flamme insinuée qui s’y jouait, lui semblait précieuse et belle depuis qu’il y avait incorporé un nouvel amour. 🔊

Un genre d’esprit comme celui de Brichot aurait été tenu pour stupidité pure dans la coterie Swann avait passé sa jeunesse, bien qu’il soit compatible avec une intelligence réelle. 🔊

Mais que la curiosité douloureuse que Swann y portait maintenant n’eût sa cause qu’en lui, n’était pas pour lui faire trouver déraisonnable de considérer cette curiosité comme importante et de mettre tout en œuvre pour lui donner satisfaction. C’est que Swann arrivait à un âge dont la philosophiefavorisée par celle de l’époque, par celle aussi du milieu Swann avait beaucoup vécu, de cette coterie de la princesse des Laumes il était convenu qu’on est intelligent dans la mesure on doute de tout et on ne trouvait de réel et d’incontestable que les goûts de chacunn’est déjà plus celle de la jeunesse, mais une philosophie positive, presque médicale, d’hommes qui au lieu d’extérioriser les objets de leurs aspirations, essayent de dégager de leurs années déjà écoulées un résidu fixe d’habitudes, de passions qu’ils puissent considérer en eux comme caractéristiques et permanentes et auxquelles, délibérément, ils veilleront d’abord que le genre d’existence qu’ils adoptent puisse donner satisfaction. 🔊

Ce n’est pas que, pour une fois qu’elle venait passer cinq minutes chez Mme de Saint-Euverte, la princesse des Laumes n’eût souhaité, pour que la politesse qu’elle lui faisait comptât double, se montrer le plus aimable possible. Mais par nature, elle avait horreur de ce qu’elle appelait «les exagérations» et tenait à montrer qu’elle «n’avait pas à» se livrer à des manifestations qui n’allaient pas avec le «genre» de la coterie elle vivait, mais qui pourtant d’autre part ne laissaient pas de l’impressionner, à la faveur de cet esprit d’imitation voisin de la timidité que développe chez les gens les plus sûrs d’eux-mêmes l’ambiance d’un milieu nouveau, fût-il inférieur. 🔊

Puis, faisant partie de cette spirituelle coterie des Guermantes survivait quelque chose de l’esprit alerte, dépouillé de lieux communs et de sentiments convenus, qui descend de Mérimée,—et a trouvé sa dernière expression dans le théâtre de Meilhac et Halévy,—elle l’adaptait même aux rapports sociaux, le transposait jusque dans sa politesse qui s’efforçait d’être positive, précise, de se rapprocher de l’humble vérité. 🔊

Comme beaucoup de femmes du faubourg Saint-Germain la présence dans un endroit elle se trouvait de quelqu’un de sa coterie, et auquel d’ailleurs elle n’avait rien de particulier à dire, accaparait exclusivement son attention aux dépens de tout le reste. 🔊

Je ne vois aucun mal à ce que ce soit ancien, répondit sèchement la princesse, mais en tous cas ce n’est-ce pas euphonique, ajouta-t-elle en détachant le mot euphonique comme s’il était entre guillemets, petite affectation de dépit qui était particulière à la coterie Guermantes. 🔊

Quant à la princesse, elle se mit à rire aux éclats, parce que l’esprit de Swann était extrêmement apprécié dans sa coterie et aussi parce qu’elle ne pouvait entendre un compliment s’adressant à elle sans lui trouver les grâces les plus fines et une irrésistible drôlerie. 🔊

Cette ressemblance ne frappait pas parce que rien n’était plus différent que leurs deux voix. Mais si on parvenait par la pensée à ôter aux propos de Swann la sonorité qui les enveloppait, les moustaches d’entre lesquelles ils sortaient, on se rendait compte que c’étaient les mêmes phrases, les mêmes inflexions, le tour de la coterie Guermantes. 🔊

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