← De même si un «fidèle» avait un ami, ou une «habituée» un flirt qui serait capable de faire «lâcher» quelquefois, les Verdurin qui ne s’effrayaient pas qu’une femme eût un amant pourvu qu’elle l’eût chez eux, l’aimât en eux, et ne le leur préférât pas, disaient: «Eh bien! amenez-le votre ami.» Et on l’engageait à l’essai, pour voir s’il était capable de ne pas avoir de secrets pour Mme Verdurin, s’il était susceptible d’être agrégé au «petit clan». S’il ne l’était pas on prenait à part le fidèle qui l’avait présenté et on lui rendait le service de le brouiller avec son ami ou avec sa maîtresse. Dans le cas contraire, le «nouveau» devenait à son tour un fidèle. 🔊✎
← Et c’était peut-être à cause de cela, pour ne pas lui demander toutes les faveurs, qu’il sacrifiait le plaisir moins nécessaire pour lui de la voir plus tôt, d’arriver chez les Verdurin avec elle, à l’exercice de ce droit qu’elle lui reconnaissait de partir ensemble et auquel il attachait plus de prix, parce que, grâce à cela, il avait l’impression que personne ne la voyait, ne se mettait entre eux, ne l’empêchait d’être encore avec lui, après qu’il l’avait quittée. 🔊✎
← Eux s’étonnaient, et de fait, Swann n’était plus le même. On ne recevait plus jamais de lettre de lui où il demandât à connaître une femme. 🔊✎
← S’il n’y en avait pas là, les Verdurin prenaient une grande peine pour en faire descendre un d’une chambre ou d’une salle à manger: ce n’est pas que Swann fût rentré en faveur auprès d’eux, au contraire. 🔊✎
← Et puis l’avantage qu’il se sentait,—qu’il avait tant besoin de se sentir,—sur eux, était peut-être moins de savoir, que de pouvoir leur montrer qu’il savait. 🔊✎
← En lui parlant, en lui écrivant, elle n’avait plus de ces mots par lesquels elle cherchait à se donner l’illusion qu’il lui appartenait, faisant naître les occasions de dire «mon», «mien», quand il s’agissait de lui: «Vous êtes mon bien, c’est le parfum de notre amitié, je le garde», de lui parler de l’avenir, de la mort même, comme d’une seule chose pour eux deux. 🔊✎
← La princesse n’aimait pas à dire aux gens qu’elle ne voulait pas aller chez eux. 🔊✎
← Elle donnait ainsi à beaucoup de gens la joie de croire qu’elle était de leurs relations, qu’elle eût été volontiers chez eux, qu’elle n’avait été empêchée de le faire que par les contretemps princiers qu’ils étaient flattés de voir entrer en concurrence avec leur soirée. 🔊✎
← Quand il l’eut compris, sa pitié cessa, mais il fut jaloux de l’autre lui-même qu’elle avait aimé, il fut jaloux de ceux dont il s’était dit souvent sans trop souffrir, «elle les aime peut-être», maintenant qu’il avait échangé l’idée vague d’aimer, dans laquelle il n’y a pas d’amour, contre les pétales du chrysanthème et l’«en tête» de la Maison d’Or, qui, eux en étaient pleins. 🔊✎
← Aussi bien que ce moment (le premier soir qu’ils avaient «fait catleya») où elle lui avait dit sortir de la Maison Dorée, combien devait-il y en avoir eu d’autres, receleurs eux aussi d’un mensonge que Swann n’avait pas soupçonné. 🔊✎