← Mais tous ces gens qui faisaient profession d’admirer ce musicien (quand Swann avait dit que sa sonate était vraiment belle, Mme Verdurin s’était écriée: «Je vous crois un peu qu’elle est belle! Mais on n’avoue pas qu’on ne connaît pas la sonate de Vinteuil, on n’a pas le droit de ne pas la connaître», et le peintre avait ajouté: «Ah! c’est tout à fait une très grande machine, n’est-ce pas. Ce n’est pas si vous voulez la chose «cher» et «public», n’est-ce pas, mais c’est la très grosse impression pour les artistes»), ces gens semblaient ne s’être jamais posé ces questions car ils furent incapables d’y répondre. 🔊✎
← Ou bien si elle n’avait pas eu le temps de lui écrire, quand il arriverait chez les Verdurin, elle irait vivement à lui et lui dirait: «J’ai à vous parler», et il contemplerait avec curiosité sur son visage et dans ses paroles ce qu’elle lui avait caché jusque-là de son cœur. 🔊✎
← —«As-tu vu la tête qu’il a fait quand il s’est aperçu qu’elle n’était pas là? dit M. Verdurin à sa femme, je crois qu’on peut dire qu’il est pincé!» 🔊✎
← Maintenant, tous les soirs, quand il l’avait ramenée chez elle, il fallait qu’il entrât et souvent elle ressortait en robe de chambre et le conduisait jusqu’à sa voiture, l’embrassait aux yeux du cocher, disant: «Qu’est-ce que cela peut me faire, que me font les autres?» Les soirs où il n’allait pas chez les Verdurin (ce qui arrivait parfois depuis qu’il pouvait la voir autrement), les soirs de plus en plus rares où il allait dans le monde, elle lui demandait de venir chez elle avant de rentrer, quelque heure qu’il fût. 🔊✎
← Il la trouva; elle lui dit qu’elle était chez elle tantôt quand il avait sonné, mais dormait; la sonnette l’avait éveillée, elle avait deviné que c’était Swann, elle avait couru après lui, mais il était déjà parti. 🔊✎
← Il lui avait déjà vu une fois une telle tristesse, mais ne savait plus quand. Et tout d’un coup, il se rappela: c’était quand Odette avait menti en parlant à Mme Verdurin le lendemain de ce dîner où elle n’était pas venue sous prétexte qu’elle était malade et en réalité pour rester avec Swann. 🔊✎
← Et quand la voiture de Mme Verdurin fut partie et que celle de Swann s’avança, son cocher le regardant lui demanda s’il n’était pas malade ou s’il n’était pas arrivé de malheur. 🔊✎
← A Bayreuth comme à Paris, s’il arrivait que Forcheville pensât à lui ce n’eût pu être que comme à quelqu’un qui comptait beaucoup dans la vie d’Odette, à qui il était obligé de céder la place, quand ils se rencontraient chez elle. 🔊✎
← Entre M. de Charlus et elle, Swann savait qu’il ne pouvait rien se passer, que quand M. de Charlus sortait avec elle c’était par amitié pour lui et qu’il ne ferait pas difficulté à lui raconter ce qu’elle avait fait. 🔊✎
← Il arrivait encore parfois, quand, ayant rencontré Swann, elle voyait s’approcher d’elle quelqu’un qu’il ne connaissait pas, qu’il pût remarquer sur le visage d’Odette cette tristesse qu’elle avait eue le jour où il était venu pour la voir pendant que Forcheville était là. 🔊✎