relation

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Il allait les rejoindre n’importe , quelquefois dans les restaurants de banlieue on allait peu encore, car ce n’était pas la saison, plus souvent au théâtre, que Mme Verdurin aimait beaucoup, et comme un jour, chez elle, elle dit devant lui que pour les soirs de premières, de galas, un coupe-file leur eût été fort utile, que cela les avait beaucoup gênés de ne pas en avoir le jour de l’enterrement de Gambetta, Swann qui ne parlait jamais de ses relations brillantes, mais seulement de celles mal côtées qu’il eût jugé peu délicat de cacher, et au nombre desquelles il avait pris dans le faubourg Saint-Germain l’habitude de ranger les relations avec le monde officiel, répondit: 🔊

Je le connais un peu, nous avons des amis communs (il n’osa pas dire que c’était le prince de Galles), du reste il invite très facilement et je vous assure que ces déjeuners n’ont rien d’amusant, ils sont d’ailleurs très simples, on n’est jamais plus de huit à table, répondit Swann qui tâchait d’effacer ce que semblaient avoir de trop éclatant aux yeux de son interlocuteur, des relations avec le Président de la République. 🔊

Mais non, répondit M. de Forcheville et comme pour se rapprocher plus aisément d’Odette, il désirait être agréable à Swann, voulant saisir cette occasion, pour le flatter, de parler de ses belles relations, mais d’en parler en homme du monde sur un ton de critique cordiale et n’avoir pas l’air de l’en féliciter comme d’un succès inespéré: «N’est-ce pas, Swann? je ne vous vois jamais. D’ailleurs, comment faire pour le voir? Cet animal-là est tout le temps fourré chez les La Trémoïlle, chez les Laumes, chez tout ça!...» Imputation d’autant plus fausse d’ailleurs que depuis un an Swann n’allait plus guère que chez les Verdurin. 🔊

Si, depuis qu’il était amoureux, les choses avaient repris pour lui un peu de l’intérêt délicieux qu’il leur trouvait autrefois, mais seulement elles étaient éclairées par le souvenir d’Odette, maintenant, c’était une autre faculté de sa studieuse jeunesse que sa jalousie ranimait, la passion de la vérité, mais d’une vérité, elle aussi, interposée entre lui et sa maîtresse, ne recevant sa lumière que d’elle, vérité tout individuelle qui avait pour objet unique, d’un prix infini et presque d’une beauté désintéressée, les actions d’Odette, ses relations, ses projets, son passé. 🔊

D’ailleurs cela ne faisait rien car il en avait assez vu pour se rendre compte qu’il s’agissait d’un petit événement sans importance et qui ne touchait nullement à des relations amoureuses, c’était quelque chose qui se rapportait à un oncle d’Odette. 🔊

Par cet amour Swann avait été tellement détaché de tous les intérêts, que quand par hasard il retournait dans le monde en se disant que ses relations comme une monture élégante qu’elle n’aurait pas d’ailleurs su estimer très exactement, pouvaient lui rendre à lui-même un peu de prix aux yeux d’Odette (et ç’aurait peut-être été vrai en effet si elles n’avaient été avilies par cet amour même, qui pour Odette dépréciait toutes les choses qu’il touchait par le fait qu’il semblait les proclamer moins précieuses), il y éprouvait, à côté de la détresse d’être dans des lieux, au milieu de gens qu’elle ne connaissait pas, le plaisir désintéressé qu’il aurait pris à un roman ou à un tableau sont peints les divertissements d’une classe oisive, comme, chez lui, il se complaisait à considérer le fonctionnement de sa vie domestique, l’élégance de sa garde-robe et de sa livrée, le bon placement de ses valeurs, de la même façon qu’à lire dans Saint-Simon, qui était un de ses auteurs favoris, la mécanique des journées, le menu des repas de Mme de Maintenon, ou l’avarice avisée et le grand train de Lulli. 🔊

D’ailleurs quand il savait avec qui elle passait la soirée, il était bien rare qu’il ne pût pas découvrir dans toutes ses relations à lui quelqu’un qui connaissait fût-ce indirectement l’homme avec qui elle était sortie et pouvait facilement en obtenir tel ou tel renseignement. 🔊

Comme il aurait donné toutes ses relations pour n’importe quelle personne qu’avait l’habitude de voir Odette, fût-ce une manucure ou une demoiselle de magasin. Il eût fait pour elles plus de frais que pour des reines. 🔊

Elle donnait ainsi à beaucoup de gens la joie de croire qu’elle était de leurs relations, qu’elle eût été volontiers chez eux, qu’elle n’avait été empêchée de le faire que par les contretemps princiers qu’ils étaient flattés de voir entrer en concurrence avec leur soirée. 🔊

Avoir du cœur c’est tout, et M. de Charlus en avait. M. d’Orsan n’en manquait pas non plus et ses relations cordiales mais peu intimes avec Swann, nées de l’agrément que, pensant de même sur tout, ils avaient à causer ensemble, étaient de plus de repos que l’affection exaltée de M. de Charlus, capable de se porter à des actes de passion, bons ou mauvais. 🔊

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