← —Comment ça, M. Grévy? vous connaissez M. Grévy? dit-il à Swann de l’air stupide et incrédule d’un municipal à qui un inconnu demande à voir le Président de la République et qui, comprenant par ces mots «à qui il a affaire», comme disent les journaux, assure au pauvre dément qu’il va être reçu à l’instant et le dirige sur l’infirmerie spéciale du dépôt. 🔊✎
← —Je le connais un peu, nous avons des amis communs (il n’osa pas dire que c’était le prince de Galles), du reste il invite très facilement et je vous assure que ces déjeuners n’ont rien d’amusant, ils sont d’ailleurs très simples, on n’est jamais plus de huit à table, répondit Swann qui tâchait d’effacer ce que semblaient avoir de trop éclatant aux yeux de son interlocuteur, des relations avec le Président de la République. 🔊✎
← —«Ah! je vous crois qu’ils ne doivent pas être amusants ces déjeuners, vous avez de la vertu d’y aller, dit Mme Verdurin, à qui le Président de la République apparaissait comme un ennuyeux particulièrement redoutable parce qu’il disposait de moyens de séduction et de contrainte qui, employés à l’égard des fidèles, eussent été capables de les faire lâcher. Il paraît qu’il est sourd comme un pot et qu’il mange avec ses doigts.» 🔊✎
← Mais le prestige qu’avait à ses yeux le Président de la République finit pourtant par triompher et de l’humilité de Swann et de la malveillance de Mme Verdurin, et à chaque dîner, Cottard demandait avec intérêt: «Verrons-nous ce soir M. Swann? Il a des relations personnelles avec M. Grévy. C’est bien ce qu’on appelle un gentleman?» Il alla même jusqu’à lui offrir une carte d’invitation pour l’exposition dentaire. 🔊✎
← Je reconnais d’ailleurs que notre ineffable république athénienne—ô combien!—pourrait honorer en cette capétienne obscurantiste le premier des préfets de police à poigne. 🔊✎