ami

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Mais au fur et à mesure que les «camarades» avaient pris plus de place dans la vie de Mme Verdurin, les ennuyeux, les réprouvés, ce fut tout ce qui retenait les amis loin d’elle, ce qui les empêchait quelquefois d’être libres, ce fut la mère de l’un, la profession de l’autre, la maison de campagne ou la mauvaise santé d’un troisième. 🔊

Et elle était si particulière, elle avait un charme si individuel et qu’aucun autre n’aurait pu remplacer, que ce fut pour Swann comme s’il eût rencontré dans un salon ami une personne qu’il avait admirée dans la rue et désespérait de jamais retrouver. 🔊

—«Vous serez admis avec les personnes qui seront avec vous, mais on ne laisse pas entrer les chiens. Vous comprenez je vous dis cela parce que j’ai eu des amis qui ne le savaient pas et qui s’en sont mordu les doigts🔊

Et Swann, en son cœur, s’adressa à elle comme à une confidente de son amour, comme à une amie d’Odette qui devrait bien lui dire de ne pas faire attention à ce Forcheville. 🔊

Il avait eu un moment l’idée, pour pouvoir aller à Compiègne et à Pierrefonds sans avoir l’air que ce fût pour rencontrer Odette, de s’y faire emmener par un de ses amis, le marquis de Forestelle, qui avait un château dans le voisinage. 🔊

Surtout, dirait-il à M. de Forestelle, prenons garde de ne pas tomber sur Odette et les Verdurin; je viens d’apprendre qu’ils sont justement aujourd’hui à Pierrefonds. On a assez le temps de se voir à Paris, ce ne serait pas la peine de le quitter pour ne pas pouvoir faire un pas les uns sans les autresEt son ami ne comprendrait pas pourquoi une fois là-bas il changerait vingt fois de projets, inspecterait les salles à manger de tous les hôtels de Compiègne sans se décider à s’asseoir dans aucune de celles pourtant on n’avait pas vu trace de Verdurin, ayant l’air de rechercher ce qu’il disait vouloir fuir et du reste le fuyant dès qu’il l’aurait trouvé, car s’il avait rencontré le petit groupe, il s’en serait écarté avec affectation, content d’avoir vu Odette et qu’elle l’eût vu, surtout qu’elle l’eût vu ne se souciant pas d’elle. 🔊

Mais dans l’esprit de Swann au contraire ces paroles qui ne rencontraient aucun obstacle venaient s’incruster et prendre l’inamovibilité d’une vérité si indubitable que si un ami lui disait être venu par ce train et ne pas avoir vu Odette il était persuadé que c’était l’ami qui se trompait de jour ou d’heure puisque son dire ne se conciliait pas avec les paroles d’Odette. Celles-ci ne lui eussent paru mensongères que s’il s’était d’abord défié qu’elles le fussent. 🔊

A cause du ton dont elle lui disait de temps à autre «le jour je vais avec mon amie à l’Hippodrome», si, s’étant senti malade et ayant pensé: «peut-être Odette voudrait bien passer chez moi», il se rappelait brusquement que c’était justement ce jour-là, il se disait: «Ah! non, ce n’est pas la peine de lui demander de venir, j’aurais y penser plus tôt, c’est le jour elle va avec son amie à l’Hippodrome. 🔊

Ah! comme il eût aimé la connaître, l’amie qui allait à l’Hippodrome, et qu’elle l’y emmenât avec Odette! 🔊

Il faut que nous nous voyions, ma chère amie. Ce qu’il y a de gentil avec vous, c’est que vous n’êtes pas gaie. 🔊

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