← Quant aux maîtres de maison ils savaient que c’était une œuvre nouvelle que les artistes qu’ils avaient engagés avaient demandé à jouer; ceux-ci étant partis en tournée, Swann ne put pas en savoir davantage. 🔊✎
← Si elle avait des catleyas à son corsage, il disait: «C’est malheureux, ce soir, les catleyas n’ont pas besoin d’être arrangés, ils n’ont pas été déplacés comme l’autre soir; il me semble pourtant que celui-ci n’est pas très droit. 🔊✎
← Car Swann en trouvait aux choses, depuis qu’il était amoureux, comme au temps où, adolescent, il se croyait artiste; mais ce n’était plus le même charme, celui-ci c’est Odette seule qui le leur conférait. 🔊✎
← Swann qui avait de la sympathie pour Saniette crut devoir lui donner sur la culture du duc des détails montrant qu’une telle ignorance de la part de celui-ci était matériellement impossible; mais tout d’un coup il s’arrêta, il venait de comprendre que Saniette n’avait pas besoin de ces preuves et savait que l’histoire était fausse pour la raison qu’il venait de l’inventer il y avait un moment. 🔊✎
← En effet, si ce mois-ci il venait moins largement à l’aide d’Odette dans ses difficultés matérielles qu’il n’avait fait le mois dernier où il lui avait donné cinq mille francs, et s’il ne lui offrait pas une rivière de diamants qu’elle désirait, il ne renouvellerait pas en elle cette admiration qu’elle avait pour sa générosité, cette reconnaissance, qui le rendaient si heureux, et même il risquerait de lui faire croire que son amour pour elle, comme elle en verrait les manifestations devenir moins grandes, avait diminué. 🔊✎
← Celui-ci était rendu plus cruel encore quand revenait à Swann le souvenir d’un bref regard qu’il avait surpris, il y avait quelques jours, et pour la première fois, dans les yeux d’Odette. 🔊✎
← Il se rendait compte alors que cet intérêt, cette tristesse n’existaient qu’en lui comme une maladie, et que quand celle-ci serait guérie, les actes d’Odette, les baisers qu’elle aurait pu donner redeviendraient inoffensifs comme ceux de tant d’autres femmes. 🔊✎
← Mais dans l’esprit de Swann au contraire ces paroles qui ne rencontraient aucun obstacle venaient s’incruster et prendre l’inamovibilité d’une vérité si indubitable que si un ami lui disait être venu par ce train et ne pas avoir vu Odette il était persuadé que c’était l’ami qui se trompait de jour ou d’heure puisque son dire ne se conciliait pas avec les paroles d’Odette. Celles-ci ne lui eussent paru mensongères que s’il s’était d’abord défié qu’elles le fussent. 🔊✎
← Si Odette dans la rue ayant reçu d’un passant un salut qui avait éveillé la jalousie de Swann, elle répondait aux questions de celui-ci en rattachant l’existence de l’inconnu à un des deux ou trois grands devoirs dont elle lui parlait, si, par exemple, elle disait: «C’est un monsieur qui était dans la loge de mon amie avec qui je vais à l’Hippodrome», cette explication calmait les soupçons de Swann, qui en effet trouvait inévitable que l’amie eût d’autre invités qu’Odette dans sa loge à l’Hippodrome, mais n’avait jamais cherché ou réussi à se les figurer. 🔊✎
← Éclairé comme par la lumière de la rampe, à la place nouvelle où il figurait, ce mot de «marbre» qu’il avait perdu la faculté de distinguer tant il avait l’habitude de l’avoir souvent sous les yeux, lui était soudain redevenu visible et l’avait aussitôt fait souvenir de cette histoire qu’Odette lui avait racontée autrefois, d’une visite qu’elle avait faite au Salon du Palais de l’Industrie avec Mme Verdurin et où celle-ci lui avait dit: «Prends garde, je saurai bien te dégeler, tu n’es pas de marbre.» Odette lui avait affirmé que ce n’était qu’une plaisanterie, et il n’y avait attaché aucune importance. 🔊✎