← Si le docteur Cottard croyait devoir partir en sortant de table pour retourner auprès d’un malade en danger: «Qui sait, lui disait Mme Verdurin, cela lui fera peut-être beaucoup plus de bien que vous n’alliez pas le déranger ce soir; il passera une bonne nuit sans vous; demain matin vous irez de bonne heure et vous le trouverez guéri.» Dès le commencement de décembre elle était malade à la pensée que les fidèles «lâcheraient» pour le jour de Noël et le 1er janvier. La tante du pianiste exigeait qu’il vînt dîner ce jour-là en famille chez sa mère à elle: 🔊✎
← Quand sa maîtresse du moment était au contraire une personne mondaine ou du moins une personne qu’une extraction trop humble ou une situation trop irrégulière n’empêchait pas qu’il fît recevoir dans le monde, alors pour elle il y retournait, mais seulement dans l’orbite particulier où elle se mouvait ou bien où il l’avait entraînée. « 🔊✎
← Odette de Crécy retourna voir Swann, puis rapprocha ses visites; et sans doute chacune d’elles renouvelait pour lui la déception qu’il éprouvait à se retrouver devant ce visage dont il avait un peu oublié les particularités dans l’intervalle, et qu’il ne s’était rappelé ni si expressif ni, malgré sa jeunesse, si fané; il regrettait, pendant qu’elle causait avec lui, que la grande beauté qu’elle avait ne fût pas du genre de celles qu’il aurait spontanément préférées. 🔊✎
← S’il retournait à Serge Panine, s’il recherchait les occasions d’aller voir conduire Olivier Métra, c’était pour la douceur d’être initié dans toutes les conceptions d’Odette, de se sentir de moitié dans tous ses goûts. 🔊✎
← Le docteur y est allé (je me rappelle même qu’il m’a dit avoir eu le très grand plaisir de passer la soirée avec vous) et j’avoue que je n’ai pas trouvé raisonnable qu’il louât des places pour y retourner avec moi. 🔊✎
← Mais, à d’autres moments, sa douleur le reprenait, il s’imaginait qu’Odette était la maîtresse de Forcheville et que quand tous deux l’avaient vu, du fond du landau des Verdurin, au Bois, la veille de la fête de Chatou où il n’avait pas été invité, la prier vainement, avec cet air de désespoir qu’avait remarqué jusqu’à son cocher, de revenir avec lui, puis s’en retourner de son côté, seul et vaincu, elle avait dû avoir pour le désigner à Forcheville et lui dire: «Hein! ce qu’il rage!» les mêmes regards, brillants, malicieux, abaissés et sournois, que le jour où celui-ci avait chassé Saniette de chez les Verdurin. 🔊✎
← Par cet amour Swann avait été tellement détaché de tous les intérêts, que quand par hasard il retournait dans le monde en se disant que ses relations comme une monture élégante qu’elle n’aurait pas d’ailleurs su estimer très exactement, pouvaient lui rendre à lui-même un peu de prix aux yeux d’Odette (et ç’aurait peut-être été vrai en effet si elles n’avaient été avilies par cet amour même, qui pour Odette dépréciait toutes les choses qu’il touchait par le fait qu’il semblait les proclamer moins précieuses), il y éprouvait, à côté de la détresse d’être dans des lieux, au milieu de gens qu’elle ne connaissait pas, le plaisir désintéressé qu’il aurait pris à un roman ou à un tableau où sont peints les divertissements d’une classe oisive, comme, chez lui, il se complaisait à considérer le fonctionnement de sa vie domestique, l’élégance de sa garde-robe et de sa livrée, le bon placement de ses valeurs, de la même façon qu’à lire dans Saint-Simon, qui était un de ses auteurs favoris, la mécanique des journées, le menu des repas de Mme de Maintenon, ou l’avarice avisée et le grand train de Lulli. 🔊✎
← C’était chez la marquise de Saint-Euverte, à la dernière, pour cette année-là, des soirées où elle faisait entendre des artistes qui lui servaient ensuite pour ses concerts de charité. Swann, qui avait voulu successivement aller à toutes les précédentes et n’avait pu s’y résoudre, avait reçu, tandis qu’il s’habillait pour se rendre à celle-ci, la visite du baron de Charlus qui venait lui offrir de retourner avec lui chez la marquise, si sa compagnie devait l’aider à s’y ennuyer un peu moins, à s’y trouver moins triste. 🔊✎
← Swann aimait beaucoup la princesse des Laumes, puis sa vue lui rappelait Guermantes, terre voisine de Combray, tout ce pays qu’il aimait tant et où il ne retournait plus pour ne pas s’éloigner d’Odette. 🔊✎
← Peut-être les perdrons-nous, peut-être s’effaceront-elles, si nous retournons au néant. Mais tant que nous vivons nous ne pouvons pas plus faire que nous ne les ayons connues que nous ne le pouvons pour quelque objet réel, que nous ne pouvons, par exemple, douter de la lumière de la lampe qu’on allume devant les objets métamorphosés de notre chambre d’où s’est échappé jusqu’au souvenir de l’obscurité. 🔊✎