triste

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Quelque temps après cette présentation au théâtre, elle lui avait écrit pour lui demander à voir ses collections qui l’intéressaient tant, «elle, ignorante qui avait le goût des jolies choses», disant qu’il lui semblait qu’elle le connaîtrait mieux, quand elle l’aurait vu dans «son home» elle l’imaginait «si confortable avec son thé et ses livres», quoiqu’elle ne lui eût pas caché sa surprise qu’il habitât ce quartier qui devait être si triste et «qui était si peu smart pour lui qui l’était tant». 🔊

Mais ce pourrait être un parent, reprit Swann, cela serait assez triste, mais enfin un homme de génie peut être le cousin d’une vieille bête. 🔊

Et comme il jugeait que l’importance attachée par Odette à avoir des cartes pour le vernissage n’était pas en soi quelque chose de plus ridicule que le plaisir qu’il avait autrefois à déjeuner chez le prince de Galles, de même, il ne pensait pas que l’admiration qu’elle professait pour Monte-Carlo ou pour le Righi fût plus déraisonnable que le goût qu’il avait, lui, pour la Hollande qu’elle se figurait laide et pour Versailles qu’elle trouvait triste. 🔊

Est-ce un parti pris? Trouvez-vous peut-être que c’est un peu triste? D’ailleurs, comme je dis toujours, il ne faut jamais discuter sur les romans ni sur les pièces de théâtre. Chacun a sa manière de voir et vous pouvez trouver détestable ce que j’aime le mieux🔊

Elle lui redisait tout le temps: «Quel malheur que toi, qui ne viens jamais l’après-midi, pour une fois que cela t’arrive, je ne t’aie pas vuIl savait bien qu’elle n’était pas assez amoureuse de lui pour avoir un regret si vif d’avoir manqué sa visite, mais comme elle était bonne, désireuse de lui faire plaisir, et souvent triste quand elle l’avait contrarié, il trouva tout naturel qu’elle le fût cette fois de l’avoir privé de ce plaisir de passer une heure ensemble qui était très grand, non pour elle, mais pour lui. 🔊

Ah! si le destin avait permis qu’il pût n’avoir qu’une seule demeure avec Odette et que chez elle il fût chez lui, si en demandant au domestique ce qu’il y avait à déjeuner c’eût été le menu d’Odette qu’il avait appris en réponse, si quand Odette voulait aller le matin se promener avenue du Bois-de-Boulogne, son devoir de bon mari l’avait obligé, n’eût-il pas envie de sortir, à l’accompagner, portant son manteau quand elle avait trop chaud, et le soir après le dîner si elle avait envie de rester chez elle en déshabillé, s’il avait été forcé de rester près d’elle, à faire ce qu’elle voudrait; alors combien tous les riens de la vie de Swann qui lui semblaient si tristes, au contraire parce qu’ils auraient en même temps fait partie de la vie d’Odette auraient pris, même les plus familiers,—et comme cette lampe, cette orangeade, ce fauteuil qui contenaient tant de rêve, qui matérialisaient tant de désirune sorte de douceur surabondante et de densité mystérieuse. 🔊

Souvent sans lui rien dire il la regardait, il songeait; elle lui disait: «Comme tu as l’air tristeIl n’y avait pas bien longtemps encore, de l’idée qu’elle était une créature bonne, analogue aux meilleures qu’il eût connues, il avait passé à l’idée qu’elle était une femme entretenue; inversement il lui était arrivé depuis de revenir de l’Odette de Crécy, peut-être trop connue des fêtards, des hommes à femmes, à ce visage d’une expression parfois si douce, à cette nature si humaine. 🔊

Pour les choses importantes, Swann et la princesse n’avaient les mêmes idées sur rien. Mais depuis que Swann était si triste, ressentant toujours cette espèce de frisson qui précède le moment l’on va pleurer, il avait le même besoin de parler du chagrin qu’un assassin a de parler de son crime. 🔊

Mais non; c’est que vous n’y êtes pas allé depuis quelque temps; ce n’est plus triste, cela commence à se construire, tout ce quartier-là. 🔊

Pourquoi en être triste? C’était bien l’homme qui pouvait la comprendreAinsi Swann se parlait-il à lui-même, car le jeune homme qu’il n’avait pu identifier d’abord était aussi lui; comme certains romanciers, il avait distribué sa personnalité à deux personnages, celui qui faisait le rêve, et un qu’il voyait devant lui coiffé d’un fez. 🔊

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