← Peut-être parce qu’il ne regarda le général de Froberville et le marquis de Bréauté qui causaient dans l’entrée que comme deux personnages dans un tableau, alors qu’ils avaient été longtemps pour lui les amis utiles qui l’avaient présenté au Jockey et assisté dans des duels, le monocle du général, resté entre ses paupières comme un éclat d’obus dans sa figure vulgaire, balafrée et triomphale, au milieu du front qu’il éborgnait comme l’œil unique du cyclope, apparut à Swann comme une blessure monstrueuse qu’il pouvait être glorieux d’avoir reçue, mais qu’il était indécent d’exhiber; tandis que celui que M. de Bréauté ajoutait, en signe de festivité, aux gants gris perle, au «gibus», à la cravate blanche et substituait au binocle familier (comme faisait Swann lui-même) pour aller dans le monde, portait collé à son revers, comme une préparation d’histoire naturelle sous un microscope, un regard infinitésimal et grouillant d’amabilité, qui ne cessait de sourire à la hauteur des plafonds, à la beauté des fêtes, à l’intérêt des programmes et à la qualité des rafraîchissements. 🔊✎
← —Tiens, vous voilà, mais il y a des éternités qu’on ne vous a vu, dit à Swann le général qui, remarquant ses traits tirés et en concluant que c’était peut-être une maladie grave qui l’éloignait du monde, ajouta: «Vous avez bonne mine, vous savez!» pendant que M. de Bréauté demandait: —«Comment, vous, mon cher, qu’est-ce que vous pouvez bien faire ici?» à un romancier mondain qui venait d’installer au coin de son œil un monocle, son seul organe d’investigation psychologique et d’impitoyable analyse, et répondit d’un air important et mystérieux, en roulant l’r: —«J’observe.» Le monocle du marquis de Forestelle était minuscule, n’avait aucune bordure et obligeant à une crispation incessante et douloureuse l’œil où il s’incrustait comme un cartilage superflu dont la présence est inexplicable et la matière recherchée, il donnait au visage du marquis une délicatesse mélancolique, et le faisait juger par les femmes comme capable de grands chagrins d’amour. 🔊✎
← Un jour il reçut une lettre anonyme, qui lui disait qu’Odette avait été la maîtresse d’innombrables hommes (dont on lui citait quelques-uns parmi lesquels Forcheville, M. de Bréauté et le peintre), de femmes, et qu’elle fréquentait les maisons de passe. 🔊✎
← Le nom de Beuzeval l’avait fait penser à celui d’une autre localité de cette région, Beuzeville, qui porte uni à celui-là par un trait d’union, un autre nom, celui de Bréauté, qu’il avait vu souvent sur les cartes, mais dont pour la première fois il remarquait que c’était le même que celui de son ami M. de Bréauté dont la lettre anonyme disait qu’il avait été l’amant d’Odette. 🔊✎
← Après tout, pour M. de Bréauté, l’accusation n’était pas invraisemblable; mais en ce qui concernait Mme Verdurin, il y avait impossibilité. 🔊✎