← Cette soif d’un charme inconnu, la petite phrase l’éveillait en lui, mais ne lui apportait rien de précis pour l’assouvir. 🔊✎
← Peut-être n’ai-je pas de grands besoins intellectuels à assouvir dans la conversation, mais je me plais parfaitement bien avec Cottard, quoiqu’il fasse des calembours ineptes. 🔊✎
← Mais, comme les vertus qu’il attribuait tantôt encore aux Verdurin, n’auraient pas suffi, même s’ils les avaient vraiment possédées, mais s’ils n’avaient pas favorisé et protégé son amour, à provoquer chez Swann cette ivresse où il s’attendrissait sur leur magnanimité et qui, même propagée à travers d’autres personnes, ne pouvait lui venir que d’Odette,—de même, l’immoralité, eût-elle été réelle, qu’il trouvait aujourd’hui aux Verdurin aurait été impuissante, s’ils n’avaient pas invité Odette avec Forcheville et sans lui, à déchaîner son indignation et à lui faire flétrir «leur infamie». Et sans doute la voix de Swann était plus clairvoyante que lui-même, quand elle se refusait à prononcer ces mots pleins de dégoût pour le milieu Verdurin et de la joie d’en avoir fini avec lui, autrement que sur un ton factice et comme s’ils étaient choisis plutôt pour assouvir sa colère que pour exprimer sa pensée. 🔊✎
← Et d’ailleurs elle n’a pas paru plus ravie que cela, elle n’a encore dit ni oui ni non; espérons qu’elle refusera, grand Dieu! Entendre du Wagner pendant quinze jours avec elle qui s’en soucie comme un poisson d’une pomme, ce serait gai!» Et sa haine, tout comme son amour, ayant besoin de se manifester et d’agir, il se plaisait à pousser de plus en plus loin ses imaginations mauvaises, parce que, grâce aux perfidies qu’il prêtait à Odette, il la détestait davantage et pourrait si—ce qu’il cherchait à se figurer—elles se trouvaient être vraies, avoir une occasion de la punir et d’assouvir sur elle sa rage grandissante. 🔊✎
← Et ce plaisir différent de tous les autres, avait fini par créer en lui un besoin d’elle et qu’elle seule pouvait assouvir par sa présence ou ses lettres, presque aussi désintéressé, presque aussi artistique, aussi pervers, qu’un autre besoin qui caractérisait cette période nouvelle de la vie de Swann où à la sécheresse, à la dépression des années antérieures avait succédé une sorte de trop-plein spirituel, sans qu’il sût davantage à quoi il devait cet enrichissement inespéré de sa vie intérieure qu’une personne de santé délicate qui à partir d’un certain moment se fortifie, engraisse, et semble pendant quelque temps s’acheminer vers une complète guérison—cet autre besoin qui se développait aussi en dehors du monde réel, c’était celui d’entendre, de connaître de la musique. 🔊✎