← Quoi qu’il en soit et peut-être parce que la plénitude d’impressions qu’il avait depuis quelque temps et bien qu’elle lui fût venue plutôt avec l’amour de la musique, avait enrichi même son goût pour la peinture, le plaisir fut plus profond et devait exercer sur Swann une influence durable, qu’il trouva à ce moment-là dans la ressemblance d’Odette avec la Zéphora de ce Sandro di Mariano auquel on ne donne plus volontiers son surnom populaire de Botticelli depuis que celui-ci évoque au lieu de l’œuvre véritable du peintre l’idée banale et fausse qui s’en est vulgarisée. 🔊✎
← Et le plaisir que lui donnait la musique et qui allait bientôt créer chez lui un véritable besoin, ressemblait en effet, à ces moments-là, au plaisir qu’il aurait eu à expérimenter des parfums, à entrer en contact avec un monde pour lequel nous ne sommes pas faits, qui nous semble sans forme parce que nos yeux ne le perçoivent pas, sans signification parce qu’il échappe à notre intelligence, que nous n’atteignons que par un seul sens. 🔊✎
← Je vous assure que tout le monde aime aller chez elle. Je ne vous dis pas qu’elle soit «profonde» (il prononça profonde, comme si ç’avait été un mot ridicule, car son langage gardait la trace d’habitudes d’esprit qu’une certaine rénovation, marquée par l’amour de la musique, lui avait momentanément fait perdre—il exprimait parfois ses opinions avec chaleur—) mais, très sincèrement, elle est intelligente et son mari est un véritable lettré. Ce sont des gens charmants. 🔊✎
← Et tout ce dont il aurait eu honte jusqu’ici, espionner devant une fenêtre, qui sait, demain, peut-être faire parler habilement les indifférents, soudoyer les domestiques, écouter aux portes, ne lui semblait plus, aussi bien que le déchiffrement des textes, la comparaison des témoignages et l’interprétation des monuments, que des méthodes d’investigation scientifique d’une véritable valeur intellectuelle et appropriées à la recherche de la vérité. 🔊✎
← Elle en détachait un petit morceau, sans importance par lui-même, se disant qu’après tout c’était mieux ainsi puisque c’était un détail véritable qui n’offrait pas les mêmes dangers qu’un détail faux. « 🔊✎
← Odette ne cessa plus de parler, mais ses paroles n’étaient qu’un gémissement: son regret de ne pas avoir vu Swann dans l’après-midi, de ne pas lui avoir ouvert, était devenu un véritable désespoir. 🔊✎
← Quelquefois elle avait déclaré si catégoriquement à Swann qu’il lui était impossible de le voir un certain soir, elle avait l’air de tenir tant à une sortie, que Swann attachait une véritable importance à ce que M. de Charlus fût libre de l’accompagner. 🔊✎
← Cette nécessité d’une activité sans trêve, sans variété, sans résultats, lui était si cruelle qu’un jour apercevant une grosseur sur son ventre, il ressentit une véritable joie à la pensée qu’il avait peut-être une tumeur mortelle, qu’il n’allait plus avoir à s’occuper de rien, que c’était la maladie qui allait le gouverner, faire de lui son jouet, jusqu’à la fin prochaine. 🔊✎
← Comme il aurait couru avec joie passer les journées chez telle de ces petites gens avec lesquelles Odette gardait des relations, soit par intérêt, soit par simplicité véritable. 🔊✎
← Sans doute la forme sous laquelle elle les avait codifiés ne pouvait pas se résoudre en raisonnements. Mais depuis plus d’une année que lui révélant à lui-même bien des richesses de son âme, l’amour de la musique était pour quelque temps au moins né en lui, Swann tenait les motifs musicaux pour de véritables idées, d’un autre monde, d’un autre ordre, idées voilées de ténèbres, inconnues, impénétrables à l’intelligence, mais qui n’en sont pas moins parfaitement distinctes les unes des autres, inégales entre elles de valeur et de signification. 🔊✎