← Ses inquiétudes renaissaient à la semaine sainte: —«Vous, Docteur, un savant, un esprit fort, vous venez naturellement le vendredi saint comme un autre jour?» dit-elle à Cottard la première année, d’un ton assuré comme si elle ne pouvait douter de la réponse. 🔊✎
← Je comprends que je ne peux rien faire, moi chétive, à côté de grands savants comme vous autres, lui avait-elle répondu. 🔊✎
← «Tu sais, avait dit Mme Verdurin à son mari, je crois que nous faisons fausse route quand par modestie nous déprécions ce que nous offrons au docteur. C’est un savant qui vit en dehors de l’existence pratique, il ne connaît pas par lui-même la valeur des choses et il s’en rapporte à ce que nous lui en disons.»—«Je n’avais pas osé te le dire, mais je l’avais remarqué», répondit M. Verdurin. 🔊✎
← Et il arrive en effet souvent pour de plus grands que n’était Swann, pour un savant, pour un artiste, quand il n’est pas méconnu par ceux qui l’entourent, que celui de leurs sentiments qui prouve que la supériorité de son intelligence s’est imposée à eux, ce n’est pas leur admiration pour ses idées, car elles leur échappent, mais leur respect pour sa bonté. 🔊✎
← —Qu’est-ce que vous dites d’un savant comme cela? avait-elle demandé à Forcheville. Il n’y a pas moyen de causer sérieusement deux minutes avec lui. 🔊✎
← Il savait que la réalité de circonstances qu’il eût donné sa vie pour restituer exactement, était lisible derrière cette fenêtre striée de lumière, comme sous la couverture enluminée d’or d’un de ces manuscrits précieux à la richesse artistique elle-même desquels le savant qui les consulte ne peut rester indifférent. 🔊✎
← Mais à ce moment, par une de ces inspirations de jaloux, analogues à celle qui apporte au poète ou au savant, qui n’a encore qu’une rime ou qu’une observation, l’idée ou la loi qui leur donnera toute leur puissance, Swann se rappela pour la première fois une phrase qu’Odette lui avait dite il y avait déjà deux ans: «Oh! Mme Verdurin, en ce moment il n’y en a que pour moi, je suis un amour, elle m’embrasse, elle veut que je fasse des courses avec elle, elle veut que je la tutoie.» Loin de voir alors dans cette phrase un rapport quelconque avec les absurdes propos destinés à simuler le vice que lui avait racontés Odette, il l’avait accueillie comme la preuve d’une chaleureuse amitié. 🔊✎