← Il avait bien rencontré dans la semaine quelques personnes qui se trouvaient comme lui à cette soirée et les avait interrogées; mais plusieurs étaient arrivées après la musique ou parties avant; certaines pourtant étaient là pendant qu’on l’exécutait mais étaient allées causer dans un autre salon, et d’autres restées à écouter n’avaient pas entendu plus que les premières. 🔊✎
← Car sitôt que Swann pouvait se la représenter sans horreur, qu’il revoyait de la bonté dans son sourire, et que le désir de l’enlever à tout autre, n’était plus ajouté par la jalousie à son amour, cet amour redevenait surtout un goût pour les sensations que lui donnait la personne d’Odette, pour le plaisir qu’il avait à admirer comme un spectacle ou à interroger comme un phénomène, le lever d’un de ses regards, la formation d’un de ses sourires, l’émission d’une intonation de sa voix. 🔊✎
← Elle», il essayait de se demander ce que c’était; car c’est une ressemblance de l’amour et de la mort, plutôt que celles si vagues, que l’on redit toujours, de nous faire interroger plus avant, dans la peur que sa réalité se dérobe, le mystère de la personnalité. 🔊✎
← Il chercha, pour les interroger, à se rapprocher de certains viveurs; mais ceux-ci savaient qu’il connaissait Odette; et puis il avait peur de les faire penser de nouveau à elle, de les mettre sur ses traces. Mais lui à qui jusque-là rien n’aurait pu paraître aussi fastidieux que tout ce qui se rapportait à la vie cosmopolite de Bade ou de Nice, apprenant qu’Odette avait peut-être fait autrefois la fête dans ces villes de plaisir, sans qu’il dût jamais arriver à savoir si c’était seulement pour satisfaire à des besoins d’argent que grâce à lui elle n’avait plus, ou à des caprices qui pouvaient renaître, maintenant il se penchait avec une angoisse impuissante, aveugle et vertigineuse vers l’abîme sans fond où étaient allées s’engloutir ces années du début du Septennat pendant lesquelles on passait l’hiver sur la promenade des Anglais, l’été sous les tilleuls de Bade, et il leur trouvait une profondeur douloureuse mais magnifique comme celle que leur eût prêtée un poète; et il eût mis à reconstituer les petits faits de la chronique de la Côte d’Azur d’alors, si elle avait pu l’aider à comprendre quelque chose du sourire ou des regards—pourtant si honnêtes et si simples—d’Odette, plus de passion que l’esthéticien qui interroge les documents subsistant de la Florence du XVe siècle pour tâcher d’entrer plus avant dans l’âme de la Primavera, de la bella Vanna, ou de la Vénus, de Botticelli. 🔊✎
← Et tandis qu’il écrivait à un de ses amis pour lui demander de chercher à éclaircir tel ou tel point, il éprouvait le repos de cesser de se poser ses questions sans réponses et de transférer à un autre la fatigue d’interroger. 🔊✎
← Voilà une femme en qui j’avais confiance, qui a l’air si simple, si honnête, en tous cas, si même elle était légère, qui semblait bien normale et saine dans ses goûts: sur une dénonciation invraisemblable, je l’interroge et le peu qu’elle m’avoue révèle bien plus que ce qu’on eût pu soupçonner.» Mais il ne pouvait pas se borner à ces remarques désintéressées. 🔊✎