satisfaire

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Je me suis souvent fait raconter bien des années plus tard, quand je commençai à m’intéresser à son caractère à cause des ressemblances qu’en de tout autres parties il offrait avec le mien, que quand il écrivait à mon grand-père (qui ne l’était pas encore, car c’est vers l’époque de ma naissance que commença la grande liaison de Swann et elle interrompit longtemps ces pratiques) celui-ci, en reconnaissant sur l’enveloppe l’écriture de son ami, s’écriait: «Voilà Swann qui va demander quelque chose: à la gardeEt soit méfiance, soit par le sentiment inconsciemment diabolique qui nous pousse à n’offrir une chose qu’aux gens qui n’en ont pas envie, mes grands-parents opposaient une fin de non-recevoir absolue aux prières les plus faciles à satisfaire qu’il leur adressait, comme de le présenter à une jeune fille qui dînait tous les dimanches à la maison, et qu’ils étaient obligés, chaque fois que Swann leur en reparlait, de faire semblant de ne plus voir, alors que pendant toute la semaine on se demandait qui on pourrait bien inviter avec elle, finissant souvent par ne trouver personne, faute de faire signe à celui qui en eût été si heureux. 🔊

Ce qu’il fallait, c’est que notre goût pour lui devint exclusif. Et cette condition-là est réalisée quandà ce moment il nous fait défautà la recherche des plaisirs que son agrément nous donnait, s’est brusquement substitué en nous un besoin anxieux, qui a pour objet cet être même, un besoin absurde, que les lois de ce monde rendent impossible à satisfaire et difficile à guérirle besoin insensé et douloureux de le posséder. 🔊

Il chercha, pour les interroger, à se rapprocher de certains viveurs; mais ceux-ci savaient qu’il connaissait Odette; et puis il avait peur de les faire penser de nouveau à elle, de les mettre sur ses traces. Mais lui à qui jusque-là rien n’aurait pu paraître aussi fastidieux que tout ce qui se rapportait à la vie cosmopolite de Bade ou de Nice, apprenant qu’Odette avait peut-être fait autrefois la fête dans ces villes de plaisir, sans qu’il dût jamais arriver à savoir si c’était seulement pour satisfaire à des besoins d’argent que grâce à lui elle n’avait plus, ou à des caprices qui pouvaient renaître, maintenant il se penchait avec une angoisse impuissante, aveugle et vertigineuse vers l’abîme sans fond étaient allées s’engloutir ces années du début du Septennat pendant lesquelles on passait l’hiver sur la promenade des Anglais, l’été sous les tilleuls de Bade, et il leur trouvait une profondeur douloureuse mais magnifique comme celle que leur eût prêtée un poète; et il eût mis à reconstituer les petits faits de la chronique de la Côte d’Azur d’alors, si elle avait pu l’aider à comprendre quelque chose du sourire ou des regardspourtant si honnêtes et si simplesd’Odette, plus de passion que l’esthéticien qui interroge les documents subsistant de la Florence du XVe siècle pour tâcher d’entrer plus avant dans l’âme de la Primavera, de la bella Vanna, ou de la Vénus, de Botticelli. 🔊

A ce moment-là, il satisfaisait une curiosité voluptueuse en connaissant les plaisirs des gens qui vivent par l’amour. 🔊

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