grand-père

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Je me suis souvent fait raconter bien des années plus tard, quand je commençai à m’intéresser à son caractère à cause des ressemblances qu’en de tout autres parties il offrait avec le mien, que quand il écrivait à mon grand-père (qui ne l’était pas encore, car c’est vers l’époque de ma naissance que commença la grande liaison de Swann et elle interrompit longtemps ces pratiques) celui-ci, en reconnaissant sur l’enveloppe l’écriture de son ami, s’écriait: «Voilà Swann qui va demander quelque chose: à la gardeEt soit méfiance, soit par le sentiment inconsciemment diabolique qui nous pousse à n’offrir une chose qu’aux gens qui n’en ont pas envie, mes grands-parents opposaient une fin de non-recevoir absolue aux prières les plus faciles à satisfaire qu’il leur adressait, comme de le présenter à une jeune fille qui dînait tous les dimanches à la maison, et qu’ils étaient obligés, chaque fois que Swann leur en reparlait, de faire semblant de ne plus voir, alors que pendant toute la semaine on se demandait qui on pourrait bien inviter avec elle, finissant souvent par ne trouver personne, faute de faire signe à celui qui en eût été si heureux. 🔊

Mon grand-père ne voulait pas troubler leur plaisir mais regardait ma grand’mère en fredonnant: «Quel est donc ce mystère Je ne puis rien comprendre🔊

Quelques mois après, si mon grand-père demandait au nouvel ami de Swann: «Et Swann, le voyez-vous toujours beaucoupla figure de l’interlocuteur s’allongeait: «Ne prononcez jamais son nom devant moi!»—«Mais je croyais que vous étiez si liés...» Il avait été ainsi pendant quelques mois le familier de cousins de ma grand’mère, dînant presque chaque jour chez eux. 🔊

Mon grand-père avait précisément connu, ce qu’on n’aurait pu dire d’aucun de leurs amis actuels, la famille de ces Verdurin. 🔊

Un jour il reçut une lettre de Swann lui demandant s’il ne pourrait pas le mettre en rapport avec les Verdurin: «À la garde! à la garde! s’était écrié mon grand-père, ça ne m’étonne pas du tout, c’est bien par que devait finir Swann. Joli milieu! D’abord je ne peux pas faire ce qu’il me demande parce que je ne connais plus ce monsieur. 🔊

Et sur la réponse négative de mon grand-père, c’est Odette qui avait amené elle-même Swann chez les Verdurin. 🔊

Certes, il avait trop longtemps oublié qu’il était le «fils Swann» pour ne pas ressentir quand il le redevenait un moment, un plaisir plus vif que ceux qu’il eût pu éprouver le reste du temps et sur lesquels il était blasé; et si l’amabilité des bourgeois, pour lesquels il restait surtout cela, était moins vive que celle de l’aristocratie (mais plus flatteuse d’ailleurs, car chez eux du moins elle ne se sépare jamais de la considération), une lettre d’altesse, quelques divertissements princiers qu’elle lui proposât, ne pouvait lui être aussi agréable que celle qui lui demandait d’être témoin, ou seulement d’assister à un mariage dans la famille de vieux amis de ses parents dont les uns avaient continué à le voircomme mon grand-père qui, l’année précédente, l’avait invité au mariage de ma mèreet dont certains autres le connaissaient personnellement à peine mais se croyaient des devoirs de politesse envers le fils, envers le digne successeur de feu M. Swann. 🔊

Il soupçonna aussi mon grand-père. 🔊

Il se promenait avec Mme Verdurin, le docteur Cottard, un jeune homme en fez qu’il ne pouvait identifier, le peintre, Odette, Napoléon III et mon grand-père, sur un chemin qui suivait la mer et la surplombait à pic tantôt de très haut, tantôt de quelques mètres seulement, de sorte qu’on montait et redescendait constamment; ceux des promeneurs qui redescendaient déjà n’étaient plus visibles à ceux qui montaient encore, le peu de jour qui restât faiblissait et il semblait alors qu’une nuit noire allait s’étendre immédiatement. 🔊

Il avait fait venir le coiffeur de bonne heure parce qu’il avait écrit la veille à mon grand-père qu’il irait dans l’après-midi à Combray, ayant appris que Mme de CambremerMlle Legrandindevait y passer quelques jours. Associant dans son souvenir au charme de ce jeune visage celui d’une campagne il n’était pas allé depuis si longtemps, ils lui offraient ensemble un attrait qui l’avait décidé à quitter enfin Paris pour quelques jours. 🔊

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